1. |
Autres Foirades II
05:27
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Autres foirades II
J'ai renoncé avant de naître, ce n'est pas possible autrement, il fallait cependant que ça naisse, ce fut lui, j'étais dedans, c'est comme ça que je vois la chose, c'est lui qui a crié, c'est lui qui a vu le jour, moi je n'ai pas crié, je n'ai pas vu le jour, il est impossible que j'ai une voix, il est impossible que j'aie des pensées, et je parle et pense, je fais l'impossible, ce n'est pas possible autrement, c'est lui qui a vécu, moi je n'ai pas vécu, il a mal vécu, à cause de moi, il va se tuer, à cause de moi, je vais raconter ça, je vais raconter sa mort, la fin de sa vie et sa mort, au fur et à mesure, au présent, sa mort seule ne serait pas assez, elle ne me suffirait pas, s'il râle c'est lui qui râlera, moi je ne râlerai pas, c'est lui qui mourra, moi je ne mourrai pas, on l'enterrera peut-être, si on le trouve, je serai dedans, il pourrira, moi je ne pourrirai pas,il n'en restera plus que les os, je serai dedans, il ne sera plus que poussière, je serai dedans, ce n'est pas possible autrement, c'est comme ça que je vois la chose, la fin de sa vie et sa mort, comment il va faire pour finir, il est impossible que je le sache, je le saurai, au fur et à mesure, il est impossible que je le dise, je le dirai, au présent, il ne sera plus question de moi, seulement de lui, de la fin de sa vie et de sa mort, de l'enterrement si on le trouve, ça finira là, je ne vais pas parler de vers, d'os et de poussière, ça n'intéresse personne, à moins de m'ennuyer dans sa poussière, ça m'étonnerait, autant que dans sa peau, ici un long silence, il se noiera peut-être, il voulait se noyer, il ne voulait pas qu'on le trouve, il ne peut plus rien vouloir, mais autrefois il voulait se noyer, il ne voulait pas qu'on le trouve, une eau profonde et une meule au cou, élan éteint comme les autres, mais pourquoi un jour à gauche, pourquoi, plutôt que dans une autre direction, ici un long silence, il n'y aura plus de je, il ne dira plus jamais je, il ne dira plus jamais rien, il ne parlera à personne, personne ne lui parlera, il ne parlera pas tout seul, il ne pensera pas, il ira, je serai dedans, il se laissera tomber pour dormir, pas n'importe où, il dormira mal, à cause de moi, il se lèvera pour aller plus loin, il ira mal, à cause de moi, il ne pourra plus rester en place, à cause de moi, il n'y a plus rien dans sa tête, j'y mettrai le nécessaire.
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2. |
Autres Foirades IV
05:00
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Autres Foirades IV
Vieille terre, assez menti, je l'ai vue, c'était moi, de mes yeux grifanes d'autrui, c'est trop tard. Elle va être sur moi, ce sera moi, ce sera elle, ce sera nous, ça n'a jamais été nous. Ce n'est peut-être pas pour demain, mais trop tard. C'est pour bientôt, comme je la regarde, et quel refus, comme elle me refuse, la tant refusée. C'est une année à hannetons, l'année prochaine il n'y en aura pas, ni l'année suivante, regarde-les bien. Je rentre à la nuit, ils s'envolent, ils lâchent mon petit chêne et s'en vont, gavés, dans les ombres. Je rentre, lève le bras, saisis la branche, me met debout et rentre dans la maison. Trois ans dans la terre, ceux qui échappent aux taupes, puis dévorer, dévorer, dévorer, dix jours durant, quinze jours, et chaque nuit le vol. Jusqu'à la rivière, peut-être, ils partent vers la rivière. J'allume, j'éteins, honteux, je reste debout devant la fenêtre, je vais d'une fenêtre à l'autre, en m'appuyant aux meubles. Un instant je vois le ciel, les différents ciels, puis ils se font visages, agonies, les différentes amours, bonheurs aussi, il y en a eu aussi, malheureusement. Moments d'une vie, de la mienne, entre autres, mais oui, à la fin. Bonheurs, quels bonheurs, mais quelles morts, quelles amours, sur le moment je l'ai su, c'était trop tard. Ah aimer, mourant, et voir mourir, les êtres vite chers, et être heureux, pourquoi ah, pas la peine. Non mais maintenant, seulement rester là, debout devant la fenêtre, une main au mur, l'autre accrochée à la chemise, et voir le ciel, un peu longuement, mais non, hoquets et spasmes, mer d'une enfance, d'autres ciels, un autre corps.
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3. |
Se Voir
05:14
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Se Voir
Endroit clos. Tout ce qu'il faut savoir pour dire est su. Il n'y a que ce qui est dit. A part ce qui est dit il n'y a rien. Ce qui se passe dans l'arène n'est pas dit. S'il fallait le savoir on le saurait. Ça n'intéresse pas. Ne pas l'imaginer. Temps usant de la terre en user à regret. Endroit fait d'une arène et d'une fosse. Entre les deux longeant celle-ci une piste. Endroit clos. Au-delà de la fosse il n'y a rien. On le sait puisqu'il faut le dire. Arène étendue noire. Des millions peuvent s'y tenir. Errants et Immobiles. Sans jamais se voir ni s'entendre. Sans jamais se toucher. C'est tout ce qu'on sait. Profondeur de la fosse. Voir du bord tous les corps placés au fond. Les millions qui y sont encore. Ils paraissent six fois plus petits que nature. Fond divisé en zones. Zones noires et zones claires. Elles en occupent toute la largeur. Les zones restées claires sont carrées. Un corps moyen y tient à peine. Etendu en diagonale. Plus grand il doit se recroqueviller. On sait ainsi la largeur de la fosse. On la saurait sans cela. Des zones noires faire la sommes. Des zones claires. Les premières l'emportent de loin. L'endroit est vieux déjà. La fosse est vieille. Au départ elle n'était que clarté. Que zones claires. Se touchant presque. Lisérées d'ombre à peine. La fosse semble en ligne droite. Puis réapparaît un corps déjà vu. Il s'agit donc d'une courbe fermée. Clarté très brillante des zones claires. Elle ne mord pas sur les noires. Celles-ci sont d'un noir inentamable. Aussi dense sur les bords qu'au centre. En revanche cette clarté monte tout droit. Haut au-dessus du niveau de l'arène. Aussi haut au-dessus que la fosse est profonde. Se dressent dans l'air noir des tours de pâle lumière. Autant de zones claires autant de tours. Autant de corps visibles dans le fond. La piste suit la fosse sur toute sa longueur. Sur tout son pourtour. Elle est surélevée par rapport à l'arène. La valeur d'une marche. Elle est faite de feuilles mortes. Rappel de la belle nature. Elles sont sèches. L'air sec et la chaleur. Mortes mais pas pourries. Elles tomberaient plutôt en poussière. Piste juste assez large pour un seul corps. Jamais deux ne s'y croisent.
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4. |
La Falaise
02:46
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La Falaise
Fenêtre entre ciel et terre on ne sait où. Elle donne sur une falaise incolore. La crête échappe à l’œil où qu'il se mette. La base aussi. Deux pans de ciel à jamais blanc la bordent. Le ciel laisse-t-il deviner une fin de terre ? L'éther intermédiaire ? D'oiseau de mer pas trace. Ou trop claire pour paraître. Enfin quelle preuve d'une face ? L’œil n'en trouve aucune où qu'il se mettre. Il se désiste et la folle s'y met. Emerge enfin d'abord l'ombre d'une corniche. Patience elle s'animera de restes mortels. Un crâne entier se dégage pour finir. Un seul d'entre ceux que valent de tels débris. Du coronal il tente encore de rentrer dans la roche. Les orbites laissent entrevoir l'ancien regard. Par instants la falaise disparaît. Alors l’œil de voler vers les blanc lointains. Ou de se détourner de devant.
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5. |
Ni L'un Ni L'autre
03:44
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Ni L'un Ni L'autre
va-et-vient dans l'ombre, de l'ombre intérieur à l'ombre extérieur
du soi impénétrable au non-soi impénétrable en passant par ni l'un ni l'autre
Comme entre deux refuges éclairés dont les portes sitôt qu'on approche se ferment doucement, sitôt qu'on se détourne s'entrouvrent doucement encore
revenir et repartir appelé et repoussé
sans percevoir le lieu de passage, obnubilé par cette lueur ou par l'autre
seul bruit les pas que nul n'entend
jusqu'à s'arrêter pour de bon enfin, pour de bon absent de soi et d'autre
alors nul bruit
alors doucement lumière sans déclin sur ce ni l'un ni l'autre non perçu
cette demeure indicible
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6. |
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